L'homéopathie en mouvement

De la croyance à la foi en passant par la science

 

Une chose en entraînant une autre, les discussions sur l’eau de Lourdes nous a amené à soulever quelques points philosophiques auxquels je n’ai pas la prétention de répondre. Mais pour une fois, après tout je me laisse aller à partager quelques réflexions, qui sont celles du médecin. Que les spécialistes me pardonnent cette petite incursion: je ne suis que trop conscient de mon manque de formation hors de mon seul domaine médical où j’ai déjà bien de la peine…

Donc, une question m’est apparue récemment : je me suis demandé quelle était la différence entre la croyance et la foi. En effet, on entend dire des gens « je crois en Dieu, en ceci ou en cela », mais il me semble beaucoup plus rare d’entendre « J’ai la foi ».

Dans son sens le plus courant, croyanceest un terme qui s’applique à l’adoption d’une vision du monde qui n’est pas fournie par l’expérimentation ou la science, mais par les échanges entre divers individus, par divers textes dogmatiques et qui repose essentiellement sur le sens commun.

Ainsi, la croyance est l’attitude de l’esprit qui affirme, selon des degrés plus ou moins grands de possibilité, la vérité ou la réalité d’une chose, sans pouvoir fournir de preuve, ni qu’il soit possible de pouvoir fournir la preuve de sa fausseté.

Par exemple, la réincarnation est une croyance, car personne ne peut dire quoi que ce soit au sujet de son existence. Il y a ceux qui pensent qu’elle existe, ceux qui pense qu’elle n’existe pas, et ceux qui n’ont pas d’opinion. Aucune donnée de l’expérience ne peut modifier ces attitudes.

Un autre exemple que j’emprunte à Karl Popper, qui a été probablement l’un des plus grands épistémologistes : « nous croyons que la durée du jour est de 24 heures ». Cela repose sur notre perception sensorielle et le fameux sens commun. Pourtant la durée du jour n’est absolument plus la même près des régions polaires !

Croyance et science
Si l’on peut distinguer facilement l’utilisation du terme croyance pour désigner l’attitude vis à vis d’une divinité par exemple, d’une croyance relative à un fait de la vie courante (par exemple: «je crois qu’il fera beau demain», «je ne crois pas que les dauphins soient des poissons»), une recherche approfondie mène à la conclusion qu’il n’y a pas de frontière nette entre ces deux acceptions. Le phénomène de croyance peut donc être traité dans son ensemble, mais aussi spécifiquement pour Les Croyances, relatives aux grands mythes, et pour La Croyancecomme mécanisme psychologique régissant l’appréhension de la réalité par l’individu.

La particularité d’une croyance est qu’elle n’est pas «testée» par l’individu qui y adhère, car elle est d’emblée considérée comme vraie et en adéquation avec la réalité ultime. La croyance est donc fondée sur notre perception sensorielle d’où découle la notion du sens commun. La science, par contre, est bâtie sur l’expérience, le respect de la méthode scientifique, et constitue une unité grâce à une liaison et à une confrontation permanente de ses éléments.

La science remet constamment en jeu son contenu et entretient un réseau cohérent de connaissances. Les théories scientifiques se constituent donc par un mécanisme totalement opposé aux croyances. La science peut s’opposer radicalement à telle ou telle croyance particulière, comme elle l’a fait par exemple en montrant que la terre tournait autour du soleil, alors que la croyance en cours disait l’inverse. Ici encore nous voyons combien la croyance d’une terre plate et immobile entourée d’astres comme le soleil qui tournent autour découle exclusivement de nos perceptions sensorielles.

Mais le plus souvent, la science ne fait que reculer le champ d’application des croyances. Elle n’affirme rien de ce qu’elle ne connaît pas, et ne prétend pas tout expliquer, enfin je ne veux pas parler ici de la secte des scientistes, et autre positivistes, zététiciens.

Par exemple la vision scientifique de l’univers est en contradiction avec certaines croyancessituant la création du monde il y a seulement quelques milliers d’années, mais ne donne aucun point de vue sur ce qui est au delà du scénario qu’elle propose, ni même sur ce qu’«au delà» signifie.

La science laisse donc le champ ouvert à une infinité de croyances, mais son évolution générale apparaît toujours en contradiction avec le sens commun sur lequel reposent les croyances. A mesure que l’on progresse dans les découvertes fondamentales, on se rend compte que la réalité objective de l’Univers n’est pas conforme avec ce que nos sens perçoivent. Par exemple, la matière qui nous semble dure et palpable est composée à 99% de vide. Les particules élémentaires ne sont plus des particules mais aussi des ondes, etc.

Croyance scientifique
En pratique, ce que je viens d’énoncer est quelque peu théorique, car inlassablement, l’esprit humain a besoin de croyances et la science ne permet pas souvent d’y échapper. Bien que la démarche scientifique soit basée sur le doute validé par l’expérience, trop de gens accumulent un savoir qu’il assimilent à tord à la science afin de créditer leurs propres croyances. On assiste ainsi à un détournement de la science dans le but de valider des croyances. Nous en avons l’exemple quotidien avec les coryphées de l’allopathie. C’est ainsi que se construisent lesparadigmes, c’est à dire un mode de pensée auquel tout le monde adhère comme allant de soi et sans jamais le critiquer (dans la médecine classique par exemple c’est le paradigme du médicament chimique qui domine).

Un mécanisme opposé existe aussi : c’est le cas de ceux qui doutent de tout, affirmant ne croire en rien, ce qui est bien évidemment un autre avatar de la croyance.

La démarche scientifique est donc intimement associée au doute mais elle génère aussi descroyances c’est à dire des certitudes. J’aimerais faire ici la différence entre science etdécouverte scientifique. Si la science se confond trop souvent avec la connaissance, le mécanisme de la découverte scientifique implique quant à lui une modification de la conscience, un état d’être très particulier où l’esprit intrépide échafaude de nouvelles idées, les soumettant sans cesse à des tests de validation. A peu de choses près, on se rendra compte que c’est un fonctionnement proche de celui de l’enfant avide de tout découvrir : ne douter de rien, ne pas hésiter à tout remettre en cause, s’amuser à percer les mystères de la création, tout en dialoguant avec la nature. On ne pourra pas s’empêcher d’évoquer la parabole du Christ : « laissez les enfants venir à moi ». A mon sens nous touchons là une vérité des plus profondes.

Avec la découverte se produit un sentiment de joie associé à un sentiment de bien être et de vérité. L’esprit de la découverte suscite donc une modification de la conscience comparable à celui produit par la foi ! Avant de développer cela plus loin, il nous faut maintenant examiner les croyances et la religion.

Les Croyances

Croyances et religions
Les religions sont bâties sur un ensemble de croyances, et fonctionnent grâce à des dogmes, ou à des doctrines auxquels le croyant adhère. Le croyant est alors celui qui se situe dans un état d’adhésion réfléchie et active aux éléments fondamentaux de sa religion. Les croyances fondamentales varient selon les religions. Selon Tylor, la croyance en une âme immatérielle et subsistant après la mort est à l’origine de toutes les religions, et constitue donc l’élément primordial. L’angoisse de la mort serait à la base de cette croyance, et l’on en trouve les premières manifestations avec les plus anciennes sépultures néandertaliennes datant d’environ 100 000 ans.

Les croyances en un ensemble de mythes et en une ou plusieurs divinités sont alors des croyances secondaires sur lesquelles sont bâties les doctrines spécifiques de chaque religion, dont l’observation par les individus conditionne leur sort dans l’au-delà. Selon D’Holbach, seule la peur suscitée par les puissances imaginaires est responsable de l’attitude religieuse. La part de chacune de ces croyances, âme, mythes, êtres divins, varie selon les religions. Par exemple, le Taoïsme et le Bouddhisme ne nécessitent pas une croyance en un ou plusieurs Dieux, alors que dans les religions monothéistes, la croyance en Dieu est l’élément primordial.

Dans tous les cas, cependant, la croyance que la conformation de l’individu à l’ordre des choses révélées par les mythes, ou aux révélations divines, conditionne ce qu’il advient de l’âme après la mort, constitue la base du fonctionnement de la religion et de l’application de ses dogmes.

A la base de la Maçonnerie Régulière se trouve la croyance exigée chez tout profane avant de franchir le seuil du temple dans des notions théistes, à savoir qu’il existe une Divinité qui se manifeste aux hommes sous forme de la Providence.

L’athéisme est l’attitude qui exclut la croyance en l’existence de toute divinité. C’est bien entendu encore une autre croyance.

Croyances et superstitions
La superstition est une attitude faisant intervenir la croyance que certaines pratiques ou faits observés sont en liaison avec un certain déroulement de l’avenir, sans qu’aucune explication de cause à effet ne soit donnée. L’individu superstitieux sortira d’une pièce si le nombre des individus qui s’y trouvent fait partie d’une liste de nombres qui, selon ses croyances, portent malheur.

Cependant, certaines superstitions peuvent découler de réels dangers, et contribuer à les éviter. Ainsi, un aspect maléfique et mystérieux peut être attribué à des montagnes inhospitalières, ou à des rivières dangereuses, car des individus n’en sont pas revenus sans qu’on connaisse les circonstances exactes de leur disparition.

Aujourd’hui, on ne peut que déplorer que le dogme athéiste dominant véhicule le message implicite que la religion n’est qu’une superstition.

La Foi
Comme vous l’aurez remarqué, tout va bien tant que nous parlons de la croyance, même en des termes aussi minimalistes qu’ils soient dans le théisme. Mais où est la foi dans tout cela ?

Bien que la plupart du temps la croyance soit associée au mysticisme ou à la religion, elle fait constamment partie de notre réalité quotidienne personnelle et intime, dans chaque acte et geste de notre vie, dans ce qui semble le plus banal ou anodin. Comme il est fastidieux de remettre perpétuellement toutes nos connaissances en cause, nous agissons selon une approche plus ou moins fine de la réalité selon les besoins. Selon Ramsey, nos actions sont décidées selon une estimation de leur probabilités de réussite, elle mêmes estimées selon un degré de croyance envers les informations qui conduisent à cette action.

Par exemple, croire que le soleil se lève est largement suffisant à la plupart d’entre nous pour la vie quotidienne, alors qu’un astronome devra considérer la réalité physique du phénomène de rotation terrestre.

Le doute est le mécanisme qui, en chaque individu, remet en cause l’image que nous avons de la réalité. Je ne développerai pas ici les notions soulevées par le doute, il suffira de relire Descartes et tous les suivants pour cela.

Pour l’heure, essayons de cerner cette foi qui semble sans cesse se dérober à l’analyse, rappelons nous que Blaise Pascal a écrit « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, non à la raison. ». Voici sans doute l’une des raisons pour lesquelles la foi ne parvient pas à être exprimée en termes tangibles : elle n’appartient ni au domaine de la croyance –basée sur le sens commun–, ni au domaine intellectuel, rationnel et empirique de la science.

Mes recherches sur les liens entre Hahnemann et la Maçonnerie m’ont conduit à compulser bien des textes et trouver quelques pistes pour avancer cette question. Dans le déroulement de la réception d’un nouvel apprenti, celui-ci les yeux bandés posait sa main dégantée sur l’Evangile de Jean et le Vénérable Maître lui demandait la question cruciale « Pourquoi croyez vous que votre main repose sur l’Evangile ? ». Nous avons les preuves historiques que le Fondateur a vécu cette Initiation, et comme Mozart, Goethe, etc. cet évènement a sans doute façonné leur œuvre. L’apprenti faisait sa réponse, et le Vénérable concluait par une citation de Jean: « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu ».

Voilà selon moi la « définition » même de la foi : elle est impossible à définir en elle-même mais on peut indiquer le chemin qui y mène. Les yeux bandés symbolisent le renoncement aux signaux trompeurs fournis par les sens et spécialement la vue. En d’autres termes, en acceptant de faire le choix de quitter le domaine de la croyance nous entrons dans le domaine de la foi. En renonçant au sens commun qui nous régit dans nos actions de tous les jours, la foi implique donc l’acceptation.

Le Christ dit « Je fais Sa Volonté », on prie aussi en disant « Que Votre Volonté Soit faite ». Il ne s’agit en rien d’une résignation mais bien au contraire d’un état d’être particulier que ceux qui ont la chance de le vivre définissent par un triple sentiment de Vérité, de Joie et d’Amour.

Conclusion
La croyance est basée sur le monde matériel et le sens commun. Si la « foi » se réduit à la croyance elle mène inexorablement aux pires excès en appliquant des dogmes si besoin par la force ! Les croyances permettent d’avoir des certitudes, les certitudes sont rassurantes, elles nous font « du bien ».

Il serait stupide cependant de vouloir ou de prétendre rejeter toute croyance, mais l’homme digne de ce nom se doit de ne garder que le nombre minimum de croyances (ou de certitudes) essentiel pour son bien être.

La foi est un état modifié de la conscience. Avec la Charité et l’Espérance, c’est l’une des trois vertus théologales, c’est à dire qu’on ne peut les acquérir par un quelconque apprentissage. Mais on peut se mettre en état qu’elle nous soit donnée. La foi signifie acceptation de la présence divine et renoncement aux perceptions erronées qui génèrent nos croyances.

Nous pouvons ainsi rapprocher la foi du sentiment éprouvé lors de la découverte scientifique.

Il sera intéressant de noter que la croyance ne peut en aucun cas mener à la foi, tandis que la foi valide un certain nombre de croyances ! Mais la foi ne peut probablement pas être atteinte non plus sans un certain nombre de croyances minimales comme la croyance en Dieu. Nous avons ici l’exemple de ce qu’il est convenu d’appeler une divine dichotomie. Ceci nous rapproche du mystère du corps et de l’esprit.

Pour résumer :
la croyance et la pseudo science => certitudes
la science => doute
la découverte scientifique => le sentiment de joie et d’émerveillement
la foi => acceptation associée au triple sentiment de Vérité, de Joie et d’Amour

En somme, et contrairement à ce que l’on croit (encore une croyance !), foi et croyance n’ont pas grand chose à voir l’une avec l’autre, alors que la foi et la découverte scientifique sont extrêmement reliées du fait de la modification de conscience qui les caractérise.

Cas cliniques
Formations
Actualités

Connexion à votre compte Homéosurf